Le Pérou c'est, en général, Cusco, le Machu Pichu et la vallée sacrée, les dunes de Huacachina, les lions de mer de Paracas, le lac Titicaca, Arequipa, le Canyon de Colca....

Ça tombe bien j'ai déjà fait tout ca avec Anne Saucisse au cours d'un voyage mémorable à bien des égards, donc je gagne du temps!

C'est pour ça que je suis parti directement pour Huaraz à mon arrivée puis vers le Nord du pays pour rejoindre petit à petit l'Equateur.

Ça donne l'occasion de découvrir un Pérou beaucoup moins touristique, hors des sentiers battus. Un exemple, en 2014 le Machu Picchu a accueilli 842 191 voyageurs internationaux et la forteresse Chachapoyas de Kuelap, seulement 7104.


Au delà du fait de ne croiser que très peu de touristes étrangers - les péruviens voyagent de plus en plus dans leur pays - ça permet aussi de prendre le temps de parcourir les villes, goûter aux spécialités de chaque régions, de voyager sans être dans le rush, avec les transports locaux, au calme, tranquilou minou.

Au Pérou, mais en Amérique du Sud en générale, la vie est simple, dans le sens moins de prise de tête, moins de questions, d'organisation et ca fonctionne très bien. Quelques exemples...


Comment on se déplace?


Quasiment pas de ligne de bus "fixes" mais un nombre incroyable de TucTuc, de taxis et de collectivos (taxis partagés), mais surtout de combis, le moyen de transport privilégié des péruviens et beaucoup moins des gringos alors que c'est le plus simple, le moins cher et le plus drôle!

Des combis style minibus VW (sans la peinture, le revêtement intérieur, la panche de surf et les suspensions) qui vont d'un point A à un point B, quelque soit l'état de la route et s'arretent ou tu veux entre pour te faire monter ou descendre. Pas d'horaires fixes, ils partent une fois pleins. Un combi comprend un conducteur-pilote de rallye (qui n'a aucun problème à doubler une voiture de police ou un 33T en pleine nuit, sous la pluie, en klaxonnant et dans un virage de montagne), et un "Cobrador" chargé de racoller les passants, de les faire monter/descendre aussi vite que possible et de les empiler en mode Tetris pour optimiser son rendement. Ainsi il n´est pas rare de voyager à 4 sur une banquette de 2 ou de transporter des poules pendant deux heures sur ses genoux. J'ai eu 21 personnes (pas sur les genoux hein…). Record à battre.

Une autre chose primordiale dans l'équipement du véhicule c'est le klaxon! Ultra important car ici pas de priorité (et encore moins aux piétons), pas de stops mais plutôt de gros ralentisseurs, tout se joue en prévenant de sa venue (carrefour, virage, épingle en montagne) d'un coup de klaxon autoritaire. Même méthode pour attirer l'attention de potentiels passagers, dire bonjour à un pote sur la route, remercier quelqu'un.... ca n'arrête jamais... A oui et le prix. Je n'ai jamais payé plus de 5 soles (1,20 euros) un trajet en combi, la moyenne devant être à 1,5 soles.


Sinon pour les plus longues distances (2h de piste en combi étant mon max, il m’a fallu 30 minutes pour que le sang recommence à circuler dans mes jambes une fois descendu), le réseau de bus est immense et permet d'aller partout en plus ou moins de temps avec plus ou moins de confort. Les bus de nuit sont archi confortables (fauteuil inclinable, film, repas, wifi parfois) et sont un bon moyen de faire passer sans problèmes des trajets de 8-10h. Je suis en ce moment dans un bus Trujillo -> Chiclayo, 4h de route, 6 euros, un fauteil large, confortable et inclinable, des snacks apportés par une hôtesse, des toilettes et un film (cocasse Omar Sy en espagnol dans "Intouchable")...


Qu'est-ce qu'on mange ?


Le Pérou est réputé en Amérique du Sud et de plus en plus dans le monde pour sa cuisine. À chaque région et même ville sa spécialité. On retrouve quand même quelques points commun quelque soit la localité: des pommes de terre (plus de 2000 sortes), du quinoa, du poulet, du riz et des glaces (à n'importe quelle heure!).

Dans toute les villes on trouve des polleria (Le "Jacky Poulet" de Plœmeur) qui servent des quart ou demi poulets (Pollo a la Brasa) avec une montagne de frites, des petits restaurant de quartier avec des menus entre 6 et 12S (1,5 à 3€) comprenant une soupe, une boisson, un dessert et un plat (Pollo al sillao, Picante de carne/res/cuy, Aji de gallina, Caldo de gallina, Tacu tacu, Lomo saltado, Trucha Frita, Salteado de verduras, Arroz a la cubana... Google est votre ami pour les recettes!), des Chifa (restaurant Chino-Péruviens qui mixent les deux gastronomies : Chaufa de arroz, Aeropuerto...), des cevicheria (poisson et/ou fruit de mer cru et marinés) et des stands de rue qui vendent absolument tout (brochettes, boissons, glaces, poulet frit...). 

Enfin les glaces et les pâtisseries omniprésentes avec pas mal de gâteaux assez classiques (Queque de piña, Torta de chocolate, Torta tres leches, Carminda...) mais qu'on peut trouver, au delà des pâtisseries traditionnelles, dans des mini boutiques équipées d'un four, deux feux et un frigo grâce auxquels une dame passe sa journée à faire des gâteaux et à les vendre. Quoi de plus simple et efficace?



Qu'est-ce qu'on fait? 


Trujillo/Huanchaco

Mon premier stop à 8h de Huaraz sur la côte pacifique. La ville en elle même a un joli centre colonial mais qui malheureusement pour moi est complètement en travaux en ce moment. L'attrait de Trujillo ce sont ses ruines de l'époque Moche (100-600 AC si j'ai bien retenu la leçon) et son port de pêcheur Huanchaco. 

Jai donc visité la cité de Chan Chan qui fait plus de 20km2 tout en briques de terre séchées au soleil, comme toutes les pyramides et autres temples de cette région. Autant dire que ça n'a pas été épargné par El Niño (tempête qui se répète tous les 2 à 7 ans depuis des centaines d’années) mais certains motifs, sculptures et constructions ont été miraculeusement épargnées. C'est assez fou à voir, on se croirait dans un Château de sable géant. Malheureusement une toute petite partie du site (quelques "pièces" d'un palais seulement) sont accessibles et dans un état permettant d'admirer autre chose qu'un gros pâté de sable. Dans le meme esprit je vais au temple Huaca de la Luna ou des fresques sont visibles alors que de l'extérieur on se croirait au championnat de Château de sable du Touquet.



L'autre attrait du coin c’est Huanchaco, petit village de pêcheurs sur leur embarcation de paille typique et de surfeurs, ultra tranquille et reposant avec un couché de soleil magnifique sur les vagues du Pacifique.



Chiclayo/Lambayeque 

L'autre grande ville de la côte, plus au nord encore c'est Chiclayo. Beaucoup de monde et de bruit et 0 touristes croisés. Pourtant à Lambayeque à 20 Minutes de combi de la on y trouve un des plus beaux musées du Pérou: Las Tumbas Reales del Senor Sipán. Un musée ultra moderne au milieu d'un village qui retrace étape par étape la découverte de la tombe du seigneur Sipán dans les années 80. On retrouve les trouvailles des archéologues, couches par couches (poteries, bijoux en or, vêtements, ossements...) et c'est passionnant et ultra bien mis en scène! Jamais vu un nombre de bijoux en or aussi beaux et bien restaurés... chapeau Indiana Jones!

Je me fais également un jour et une nuit dans un ranch tenu par une Suisse, Andrea, et son mari Péruvien, Manuel, pour aller dans le Parc de Pomac - qui abrite d'autres pyramides - à cheval. Des magnifiques chevaux péruviens avec leur pas très particulier ("you'll see they walk fast, you don't need to push him!") au milieu d’une basse court de poules, poussins, canards, chiens et chats le tout vivant et se faisant dorer la pillule ensemble sans se chiquer. 

3-4 heures de ballade sur mon fier Tornado au milieu de la pampa, seuls au monde, avec le proprio Manuel, aussi bavard que Bernardo qui m'emmène quand même en haut d'une des pyramides pour admirer la vue ("Por alla es una Huanca si? No.... es una montaña...").

Je prend les repas avec mes hôtes dans leur petite cuisine faite de bric et de brac, Manuel se fait servir et ne dit pas un mot et Andrea répond à toutes mes questions sur sa vie péruvienne.

Côte cuisine Chiclayo est réputé pour son arroz con pato a la chiclayana (Canard et riz cuit avec de la bière et de la coriandre ), sa tortilla de manta raya (tortilla à la raie), son arroz con mariscos y conchas negras (sorte de paella) et son King Kong (grand cookie rempli de caramel). J'ai largement repris les kilos perdus en montagne! Easy.


Chachapoyas

Après 10h de bus de nuit, je quitte la côte arride pour aller dans la jungle humide. J'arrive au petit matin dans la brume de Chachapoyas ("Chacha" pour les intimes) dans la région des Amazonas. Cette région est encore peu visitée par les étrangers, mais heureusement les péruviens commencent à découvrir ses beautés, qu’elles soient naturelles ou culturelles.

Au Pérou, on parle beaucoup les Incas, mais de nombreux peuples les ont précédés. C’est le cas des Chachapoyas (“guerriers des nuages”) présents dans cette région du IXe au XVe siècles avant d’être conquis par les Incas puis les Espagnols.

À peine mon sac déposé à l'auberge je file prendre un combi pour aller visiter la forteresse fortifiée de Kuelap perchée à 3000m dont l’entrée principale ne peut laisser passer qu’une seule personne afin d’éviter toute invasion. Malin! Pour faciliter l'accès au site, un téléphérique permet d'y monter. Pas très drôle ca, je prends donc le chemin old school avec une carte et mes baskets! L'état du chemin me laisse penser que plus grand monde ne doit le prendre... et effectivement 2h20 plus tard, 10km 1300D+ et 0 personne croisée, le gardien de la forteresse m'annonce que je viens de battre le record de montée! Cool! Du coup je peux entrer gratuitement? Bien essayé...

Le site est un trésor archéologique, lieu le plus important de la civilisation Chachapoyas. D’ici, on pouvait observer toute la vallée et surveiller les environs. Derrière l'épaisse muraille on peut voir les fondations de plus de 400 habitations circulaires sur plusieurs niveaux , des preuves de trépanation et des mausolées où des restes humains ont été trouvés . Il a fallu plus de Pierre pour batir Kuelap que pour construire une Pyramide! Sans parler de l’accès…

On parcourt le site à travers une nature presque intacte, au milieu de quelques lamas et en ne croisant qu’une poignée de touristes (locaux). À ce jour, seulement 10% de la citadelle a été découverte et étudiée, par manque d’argent pour effectuer des recherches. Elle a donc encore beaucoup de secrets à dévoiler et les locaux sont persuadés que d'ici peu elle rivalisera avec le Macchu Picchu.


Un autre trésor du coin est la chute de Gocta. Une chute sur deux niveaux pour une hauteur totale de 771m ce qui en fait la 3ème plus haute du monde et découverte/officialisée seulement en 2005.

Je pars pour 5-6h de marche au milieu d'une jungle humide pour d'abord rejoindre le pied de la cascade puis monter en haut de la deuxième (540m). On voit la cascade de super loin sur le chemin et on se rend vraiment compte de la taille. Une fois sur place, la puissance qui est dégagée est phénoménale et le spectacle est gigantesque. Le temps que je monte au sommet de la première il se met à pleuvoir en mode grosse pluie tropicale! Et la, alors que je suis seul au monde (99% des gens ne font l'aller retour qu'au pied de la cascade) sous la pluie, la jungle change complètement. Les couleurs deviennent fluo, les bruits se multiplient, les odeurs se révèlent, ça bouge un peu partout, c'est magique!


En haut la puissance est flippante, je me rapproche du bas de la première cascade (231m) mais la puissance et le souffle sont tels que je peux à peine avancer, je suis complètement trempé en 30 secondes et je suis presque plaqué à la paroi rocheuse. Je fais moins mon malin et repars doucement d'où je suis venu...



Maintenant que mes chaussettes et ma culotte sont sèches, direction pour de bon pour l'Equateur avec au programme des retrouvailles à Guayaquil avec François pour un match de Rugby, des baleines sur la côte puis des volcans et autres merveilles naturelles! J'ai hâte!